Fin annoncée de la crypto confidentielle en Europe. À partir de 2027, l’Union européenne interdira la négociation de plusieurs cryptomonnaies axées sur la confidentialité. Monero (XMR), Zcash (ZEC) et Dash (DASH) seront retirés de toutes les plateformes réglementées. La raison ? Le RGPT (Règlement sur la Gouvernance des Paiements Transfrontaliers), voté discrètement fin 2024, cible les actifs « inévaluables » en matière de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme.

Les États membres ont désormais l’obligation de bannir toute monnaie dont les transactions sont, par conception, intraçables. Et ce n’est qu’un début.

Crypto confidentielle effacée des échanges grand public

Dès le second semestre 2025, Kraken et Binance ont commencé à déréférencer XMR et ZEC pour les résidents européens. Coinbase les suivra avant fin 2026. En parallèle, les banques, néo-banques et institutions financières reçoivent des injonctions formelles : ne plus permettre de dépôts ou transferts liés à ces cryptos.

Des développeurs anonymes ferment des nœuds, suspendent des mises à jour, migrent vers des blockchains privées alternatives. La liquidation commence.

Crypto illisible crypto invendable

L’argument des régulateurs est simple : on ne peut pas légaliser ce qu’on ne peut pas auditer. Monero, conçu dès 2014 pour masquer les montants, l’émetteur et le destinataire, devient l’ennemi public numéro un des normes KYC/AML. Zcash, qui permet encore des transactions partiellement transparentes, n’échappe pas à la purge. Dash, qui avait pourtant édulcoré sa fonction de confidentialité depuis 2021, est balayé par effet de groupe.

L’ensemble du marché crypto absorbe le choc. Les stablecoins algorithmiques redeviennent suspects. Le Bitcoin reste épargné — mais pour combien de temps ?

Crypto traquée crypto morcelée

L’interdiction accélère la fragmentation du Web3. Des utilisateurs migrent vers des plateformes décentralisées inaccessibles aux régulateurs, comme Haveno ou Serai. D’autres quittent l’Europe pour échapper aux interdictions de détention pure et simple, qui pourraient entrer en vigueur d’ici 2030.

Certains États membres, comme l’Allemagne ou les Pays-Bas, envisagent même des sanctions pénales pour possession non déclarée de « monnaies occultes ». La France, plus prudente, évoque un « gel progressif des actifs numériques illicites ».

La BCE, elle, pousse discrètement l’euro numérique programmable comme alternative sûre, traçable et… désactivable à volonté.

Crypto abandonnée crypto réinventée

Mais les développeurs ne baissent pas les bras. Des forks de Monero naissent sur des blockchains résistantes à la censure. De nouveaux protocoles intègrent des couches de confidentialité modulables, activables à la demande, comme Namada ou FHE-compliant chains.

Des projets comme Railgun ou Aleo proposent une confidentialité intégrée dans des smart contracts vérifiables. Les DAOs, plus décentralisées, résistent mieux. Le dark web retrouve une seconde jeunesse.

Ironie : en interdisant l’accès légal à la vie privée financière, l’UE renforce indirectement les circuits souterrains.

Crypto confidentielle bousculée et fragilisée

Les conséquences économiques sont immédiates. Les petits investisseurs liquident leurs XMR et ZEC dans la panique. Les volumes chutent de 70 %. Les cours s’effondrent. La market cap combinée des trois actifs passe sous les 800 millions d’euros, contre plus de 4,2 milliards en 2023.

Voir aussi : Dash face à la tourmente du marché des cryptomonnaies

Le bitcoin, souvent présenté comme valeur refuge, perd temporairement 6 % par effet de contagion. Les actifs plus petits souffrent davantage. De nombreux tokens DeFi utilisant des mixers ou des bridges confidentiels sont blacklistés.

Les VCs, qui avaient timidement investi dans des protocoles « privacy-friendly », se retirent en masse. La confiance vacille.

Cette interdiction fait office de test grandeur nature. Si l’Europe réussit à effacer Monero, elle pourrait tenter d’autres restrictions : mixers, wallets non custodial, messageries cryptées.

En parallèle, des pays comme les États-Unis, le Japon ou Singapour observent. Certains pourraient emboîter le pas. D’autres, au contraire, attirer les projets bannis pour capter une nouvelle valeur.

Mais une chose est certaine : après 2027, la crypto ne sera plus jamais aussi libre. La guerre entre confidentialité et transparence ne fait que commencer.

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